mercredi 29 juillet 2015

Echappée belle des "indés" avec le numérique

La tendance se confirme chaque année lors de la publication de l'enquête réalisée par l'organisme Merlin auprès de ses 20 000 labels membres dans 26 pays : le numérique réussit plutôt bien à la production indépendante.


Les labels indépendants ont franchi un point de basculement l'an dernier, estime l'organisme Merlin - qui négocie collectivement pour 20 000 d'entre eux avec de nombreux acteurs internationaux du marché de la musique en ligne. Les enseignements de la dernière enquête réalisée par Merlin auprès de ses membres sont les suivants :

- En 2014, le numérique a représenté la plus grosse part de leurs revenus pour 55 % des répondants ; à hauteur de 75 % pour un tiers d'entre eux.

- 75 % des répondants déclarent avoir connu une croissance de leurs revenus en provenance du numérique l'an dernier. Cette croissance était supérieure à 50 % pour 17% des labels ayant répondu à l'enquête.

- Pour un tiers des répondants, le streaming a dominé le téléchargement en tant que source de revenus en provenance du numérique. Au cours du seul mois de mars 2015, le catalogue des membres de Merlin a enregistré 2,5 milliards d'écoutes sur les plateformes de streaming, contre 1,4 milliard un an plus tôt.

- 65 % des répondants ont enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires global en 2014 (contre 62 % en 2013), et ils sont 82 % (contre 73 % l'an dernier) à se dire optimistes pour l'avenir. 16 % des répondants (contre 18 % en 2013) ont vu leurs revenus décliner l'an dernier.

- Les revenus que Merlin perçoit au titre des licences délivrées au nom de ses membres ont progressé de 43 % l'an dernier, à hauteur de 137,8 millions de dollars.

- L'analyse de 9 milliards d'écoutes entre janvier et avril 2015 montre que l'usage du catalogue des membres de Merlin est supérieur de 35 % chez les abonnés à ce qu'il est chez les utilisateurs du streaming gratuit.

Pour Charles Caldas, PDG de Merlin, la messe est dite : "Les résultats de cette année montrent la vitesse à laquelle s'opère la transition des fans de musique vers le streaming et l'abonnement, et le leadership des labels indépendants dans ce changement, qui leur permet d'élargir leur audience - la grande majorité d'entre eux affichant une croissance de leurs revenus en provenance du numérique et de leur chiffre d'affaires global."

Une prise de leadership incontestable

Les indicateurs publiés par Merlin n'ont malheureusement pas de valeur universelle. Le périmètre réel de son enquête reste flou - le taux de "répondants" n'est pas documenté. Et le poids de ses principaux membres - Beggars Group, Cooking Vinyl, Domino, Epitaph, Kobalt Label Services, Merge, Ninja Tune, [PIAS], ou les principaux agrégateurs indépendants - est certainement disproportionné.

La prise de leadership des indés dans le numérique est cependant incontestable. L'an dernier, Merlin estimait que leur part de marché (celle des fameux "répondants") était supérieure de 56 % à ce qu'elle est sur le marché physique aux Etats-Unis, et de 52 % au Royaume Uni. Une tendance encore plus marquée dans le streaming.

C'est le streaming - seul levier de croissance du marché de la musique enregistrée sur les principaux marchés - qui profite le plus aux indépendants en terme d'audience, ce qui promet de renforcer la tendance dégagée par l'enquête de Merlin. Au sein même de l'économie du streaming, c'est l'abonnement qui profite le plus aux indépendants. Or sa croissance est supérieure à celle du streaming gratuit, en terme de revenus comme en nombre d'utilisateurs.

Cette tendance favorable à la production indépendante se vérifie dans l'évolution des parts de marché de la musique enregistrée aux Etats-Unis. En terme de distribution, les majors, qui distribuent de nombreux indés (Big Machine, label indépendant de Taylor Swift, qui a réalisé les meilleures ventes de ce début d'année avec 1989, est distribué par Universal) restent dominante. Universal Music est numéro un incontesté avec 39,2 % du marché américain en volume au premier semestre 2015, devant Sony Music (27,6 %) et Warner Music (19,2 %). La distribution indépendante pointe loin derrière (13,1 %).

Mais si l'on considère la part de marché des producteurs d'albums plutôt que de leurs distributeurs - un mode de calcul privilégié par l'AI2M aux Etats-Unis, l'équivalent de l'UPFI (Union des producteurs français indépendants) -, ce sont les indépendants qui écoulent les plus grand nombre d'albums sur le marché américain, tous canaux confondus. Selon les chiffres de Nielsen/Billboard pour le premier semestre, ils se taillent nettement la plus grosse part de marché (34,5 % des volumes) et sont devenus, collectivement, la principale force du marché américain, loin devant Universal (27,6 % des volumes), Sony (20,9 %) ou Warner (15,2 %).

Ces chiffres, qui englobent à la fois les ventes d'albums et les TEA (Track Equivalent Albums), afin de comptabiliser le téléchargement à l'unité à raison d'un album pour dix titres vendus, ne tiennent pas compte (sous forme de SEA, ou Streaming Equivalent Albums) de l'échappée belle de la production indépendante dans le streaming sur abonnement. Ils n'en révèlent pas moins le poids des indés, qui se sont déjà montrés capables de faire plier Youtube et Apple sur les conditions de licence de leurs catalogues.

1 commentaire:

  1. Lire également : ‘Independent music is a growing force in the global market", par Alison Wenham, CEO de l'AIM (UK’s Association for Independent Music)
    http://www.musicbusinessworldwide.com/independent-music-is-a-growing-force-in-the-global-market/

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