"Les mecs qui font ça sont très, très forts, ajoute Michael Turbot, un label manager en major. Ils regardent le rapport freemium/premium d'un titre similaire et font super gaffe de garder le même. Ils ont un sacré paquet de comptes robots qui sont capables d'être fans, d'écouter plein de musique pour pas qu'on puisse repérer un compte suspect, etc."
Pour l'instant, le SNEP n'apporte pas de preuves de la fraude. "Nous avons des procédures de contrôle désormais efficaces pour repérer les fraudes et ne pas les comptabiliser, explique de son côté Denis Ladegaillerie, PDG du distributeur numérique Believe, interrogé par Les Echos. Ni nous, ni les Deezer, Spotify ou Apple Music n'avons constaté de problèmes récemment."
Il ne fait aucun doute, cependant, qu'on puisse concevoir des agents logiciels (botnets) pour générer de fausses écoutes, comme l'a démontré pour la première fois en 2013 Peter Fillmore, un consultant australien en sécurité informatique parvenu à générer 30 dollars de revenus par jour avec des fichiers MIDI de piètre qualité. Même pas besoin d'utiliser de la vraie musique. De là imaginer des "fermes" d'écoute, comme il existe des fermes de serveurs ou de "minage" pour la crypto-monnaie Bitcoin...
On pourrait très bien repérer les comportements "déviants" avec un algorithme bien senti. "Pour le moment les plateformes s'en foutent un peu. Quoique quand les volumes sont vraiment délirants sur des "artistes" complètement inconnus ils arrivent à le repérer, répond Jeremy Varengo. Le problème se pose surtout en amont, poursuit-il, les distributeurs doivent essayer de repérer les faux artistes, exercice quasi impossible, en tous cas pas automatiquement".
Je pense qu'il est possible de concevoir un processus de certification automatique des écoutes. Je suis sûr qu'on peut, par triangulation, détecter certains comportements frauduleux, genre la même adresse IP qui écoute souvent un nombre de fois astronomique certains titres, etc. Une sorte d'antivirus générique qui s'appuierait sur deux ou trois preuves pour certifier. De toute façon, c'est ça ou le grand n'importe quoi.
Le problème ne se pose pas que dans la musique ou le streaming, souligne Michael Turbot. Les likes FB, vues Youtube, followers sur Twitter, etc., tout s'achète. Il faudra bien trouver un moyen de tordre le coup à ce genre de distorsion de la réalité dans le numérique. En créant un lien avec le monde réel. Peut-être des solutions du côté de la blockchain...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire